Le temps des italiens aux éditions du Seuil, 1994 et «Points» n°P186

Une vie : celle de Lise, qui “avait tou-jours l’air un peu ailleurs” et se sentait “en transit” dans la vie normale. Son adolescence rebelle durant la seconde guerre mondiale, sur une Côte d’Azur “d’avant le déluge”, marquée par les morts et disparitions de ceux qu’elle avait aimés, son père, l’oncle Loup, le lieutenant Mario et ses “alpini”, plus victimes qu’occupants, Alice et Barbara Spajcz, amies juives déportées : tous habi-tants de son royaume de lumière et de senteurs. Quand celui-ci s’effondrera sous les bombes, puis avec l’arrivée massive des touristes, quand “le sable, trop piétiné, sera devenu sans mémoire”, Lise s’en ira vers une existence d’adulte, accompagnée de sa “famille d’ombres” et tournée vers les autres. Ce roman aux “morts éternellement jeunes et beaux”, où seuls survivent les paysages intérieurs, est aussi un hymne à la vie avec sa devise récurrente : “Lou téms passo, passo lou bén”.

"Elle descendit plusieurs fois à sa plage, par des sentiers détournés. C’est là que le lieutenant Mario vint la rejoindre, une fin d’après-midi au coucher du soleil. Il s’accroupit à son côté, le regard fixé comme elle sur la mer et l’horizon borné par les îles. Alors il se mit à parler. Il dit que c’était terminé, que Virgile allait revenir. Mais qu’Alice, Barbara et leurs parents avaient été retrouvés par les Français au moment où ils essayaient de passer en Italie. Elle ne les reverrait probablement jamais. Mais elle devait absolument se souvenir de leur nom. Il le répéta plusieurs fois et l’écrivit sur une feuille arrachée de son carnet. Il fallait, dit-il encore, il fallait qu’il y ait au moins une personne qui se souvienne d’elles."

Vidéo de présentation du livre par Olivier Barrot

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