Les abeilles et la guêpe aux éditions du Seuil, 2002 et «Points» n°P1127

Dans ce beau récit, Maspero retrace son passé d’homme en parcourant les “paysages humains” qui ont modelé l’être qu’il est. Ce livre est un diptyque : “Les Abeilles”, sont l’occasion d’évoquer la “résistance” et ses piqûres à travers les figures trop tôt disparues de son père et de son frère. “La Guêpe” est l’histoire de la “veille si petite” des guerres et massacres
d’aujourd’hui (ex-Yougoslavie, Algérie) et des divers métiers exercés autour du livre par celui qui s’est nourri du miel des autres pour ne garder que “l’aiguillon”, pour devenir cette guêpe dont les livres portent les “voix de ceux (...) rencontrés un jour au bord du chemin”. Le lecteur remonte à l’origine de l’écriture : “Je me suis donc gardé au mieux d’écrire une autobiographie. J’ai seulement voulu rendre des émotions, des couleurs, des états ressentis au cours du voyage partagé avec une foule de passagers“ et parcourt ces récits patchwork, morcelés comme des territoires occupés ou divisés par une frontière, ces récits des essais d’une vie au sens de Montaigne : expériences vécues ou croisées, fragments de vies, récit de voyages et d’enfance, hommages, mémoires, autobiographie… Ce livre dessine le portrait d’un homme orphelin, voyageur, libraire, éditeur, traducteur, écrivain : le portrait de ce que l’on appelait autrefois un “humaniste”.

"Finalement, qu’ai-je tenté d’autre que ce que fit don Pedro d’Alfaroubeira dont rêva Apollinaire et qui, avec ses quatre dromadaires courut le monde et l’admira ? Il est encore permis de rêver d’un monde sillonné d’innombrables dromadaires conduits par des hommes occupés, le temps de leur passage sur terre, à l’admirer plutôt qu’à le détruire."

Vidéo de présentation du livre par Olivier Barrot avec François Maspero

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