Le vol de la mésange (François Maspero)
Depuis longtemps déjà, il y avait l’envie de faire un bout de chemin avec François Maspero.
Idée fixe: lui écrire, il y a quelques années.Refus.Renouveler l’invitation lors de l’édition consacrée aux Balkans, puisque nous invitions son complice photographe de Balkans Transit, Klavdij Sluban. Invitation maladroite. Trop tard!
Recommencer en 2007 pour enrichir notre travail sur l’histoire coloniale et demander à FrançoisMaspero d’écrire un texte dans notre catalogue. Extrait choisi : “N’est-il pas plus légitime de penser que, pour vivre en paix avec elle-même et avec lemonde, une nation doit savoir affronter son histoire, toute son histoire. Ses taches noires comme ses lumières.”
Nous avions plongé alors dans L’honneur de Saint-Arnaud, livre indispensable sur la présence de la France en Algérie, qu’Edwy Plenel commente ainsi : “Telle est la force redoutable du travail deMaspero, de son écriture rigoureuse et sensible : en donnant vie et humanité au Colonel de Saint-Arnaud, il nous oblige à côtoyer l’imposture ; il nous contraint à fréquenter ce que l’on préférait simplement détester, et donc ignorer.” Un livre qui nous donnait envie de reprendre Les damnés de la terre de Frantz Fanon ou Aden Arabie de Paul Nizan, deux titres publiés par Maspero dans les années 60.
Cette aventure éditoriale illustrait une autre histoire, entraperçue au fil des pages du Figuier. Nous revenait aussi en mémoire La Joie de Lire, librairie phare du quartier Latin, bateau fou à qui Maspero fit traverser bien des tempêtes, de 1956 à 1982.
Nous allions en apprendre davantage quelques années plus tard dans Les abeilles et la guêpe.Mais nous revenions toujours à Maspero l’écrivain.
C’est ça une idée fixe, les livres qui s’entassent (dangereusement !) sur la table de chevet, l’équilibre de la pilemenacé quand s’y ajoutent les livres traduits parMaspero, encore une autre facette de son talent. Ces auteurs que l’on se prend à aimer, eux aussi.
Vint le temps des échanges de films ! De lecture en lecture, nous avions découvert un Maspero cinéphile, qui ne cache pas son admiration pour Chris Marker,“l’homme qui m’a appris ce que l’on peut faire avec le cinéma”, comme il dit. Il évoqua très vite Robert Kramer et son Route one/USA, et en écho le formidable Route 181 deMichel Khleifi et Eyal Sivan.Un film semblait lui tenir particulièrement à coeur : La vie commence demain, de Nicole Védrès.
Films qui ont marqué de façon indélébile sa mémoire, films qui nous ont vu batailler gentiment tous les deux, titres échangés, copies retrouvées, liste cent fois annotée et modifiée. Travail au long cours, qui nous passionna, et que vous allez découvrir au fil des fiches films qui suivent.
En souhaitant de tout coeur qu’elles vous invitent à vous immerger dans les livres de François Maspero. Plongée en apnée, lumineuse.
Merci, Monsieur Maspero, pour cette jolie mélodie intérieure !
Caroline Troin, Festival du cinéma de Douarnenez 2008
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